Virus Schmallenberg

Emergence du virus Schmallenberg : l'Anses fait le point

D'abord identifié en Allemagne, aux Pays Bas et en Belgique fin 2011, ainsi qu'au Royaume-Uni en janvier 2012, le virus « Schmallenberg » a été détecté pour la première fois en France le 25 janvier 2012 puis en Italie et au Luxembourg en février 2012. Depuis le nombre de foyers détectés progresse régulièrement et rapidement. L'Anses fait le point sur ce nouvel agent pathogène, touchant les petits ruminants et les bovins.

Chronologie

Entre août et novembre 2011, des éleveurs et des vétérinaires ont observé en Allemagne (Rhénanie du Nord-Westphalie) et aux Pays-Bas, des affections non spécifiques chez des bovins laitiers. Ces affections se traduisaient par de la fièvre accompagnée de diarrhée et d'une diminution de production de lait. Aucun pathogène habituel n'ayant été identifié, des chercheurs de l'Institut allemand Friedrich Löffler (Friedrich-Löffler-Institut, FLI) ont poursuivi leurs investigations. Ils ont isolé un nouveau virus, dénommé virus « Schmallenberg », qui semble vraisemblablement être transmis par des insectes piqueurs (moucherons et/ou moustiques). A partir de décembre 2011, des avortements et des animaux mort-nés présentant des malformations fœtales associés à la détection de ce virus ont été signalés chez des agneaux, des chevreaux et des veaux en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et au Royaume-Uni.
Début janvier 2012, la direction générale de l'alimentation (DGAl) a mis en place, un dispositif de surveillance, dont les modalités ont été définies sur proposition de la Plateforme de surveillance épidémiologique. Basé sur le suivi des malformations chez les ruminants nouveau-nés, ce dispositif vise à déceler la circulation du virus Schmallenberg sur le territoire métropolitain.
Le 25 janvier 2012, un premier cas a été confirmé en France. D'après les chiffres publiés par le Ministère chargé de l'Agriculture, au 9 mars 2012, 670 foyers ont été identifiés sur le territoire métropolitain, dans des exploitations situées dans 34 départements : Ain (01), Aisne (02), Allier (03), Ardennes (08), Aube (10), Calvados (14), Charente (16), Cher (18), Côte-d'Or (21), Eure (27), Indre (36), Indre-et-Loire (37), Loiret (45), Maine-et-Loire (49), Manche (50), Marne (51), Haute-Marne (52), Meurthe-et-Moselle (54), Meuse (55), Moselle (57), Nièvre (58), Nord (59), Oise (60), Pas-de-Calais (62), Bas-Rhin (67), Haut-Rhin (68), Haute-Saône (70), Saône-et-Loire (71), Seine-Maritime (76), Somme (80), Vienne (86), Haute-Vienne (87), Vosges (88), Yonne (89).
Les exploitations touchées se répartissent en 634 élevages ovins, 26 élevages bovins et 8 élevages caprins et 2 élevages mixte ovin/caprin.
Au 13 mars 2012, sept pays ont identifié le SBV sur leur territoire : la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Grande-Bretagne et l'Italie.

Les travaux de l'Anses

En lien avec les autorités sanitaires françaises et ses homologues européens, l'Anses est mobilisée afin d'apporter des éléments de réponse face à l'émergence de ce nouveau pathogène et à l'épizootie qu'il provoque. Ces actions se répartissent en trois niveaux complémentaires.

Regroupés au sein de la Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale, l'Anses et ses partenaires -Direction générale de l'alimentation, Société nationale des groupements techniques vétérinaires, GDS France, Coop de France et l'Association française des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d'analyses- se sont investis dans la définition des modalités de vigilance et de surveillance à mettre en œuvre face à cette maladie émergente. La Plateforme suit de près l'évolution de la situation sanitaire, afin d'apporter son appui à l'adaptation du dispositif de surveillance. Ainsi, elle a lancé une enquête rétrospective ouverte aux vétérinaires, afin de recueillir la description d'éventuels foyers évocateurs d'infection aiguë par le virus Schmallenberg, qu'ils auraient observés en France, au cours de l'été ou de l'automne 2011 et une étude visant à estimer l'impact de la maladie dans les troupeaux atteints.

À la demande du ministère chargé de l'Agriculture, l'Anses a rendu un avis le 15 février sur l'évaluation des risques liés à ce nouveau virus. Dans ce travail, l'Anses a dressé l'état des connaissances et des incertitudes existant sur ce nouveau virus, a évalué le risque de diffusion de cette affection sur le territoire français et a émis des recommandations en matière de surveillance et de diagnostic de la maladie, ainsi que de recherche.

Outre ces activités d'évaluation des risques, l'Anses est partie intégrante du dispositif de surveillance mis en place par la DGAl puisque le virus a pu être identifié puis isolé sur le territoire français par son Laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort. L'Anses apporte sa capacité à réaliser le diagnostic de l'infection qu'elle met en œuvre sur les suspicions détectées. Par ailleurs, l'Anses en coordination étroite avec ses partenaires des grands organismes de recherche et laboratoires de recherche français développe un programme de recherche visant à mettre au point des techniques diagnostiques, à mieux comprendre l'épidémiologie et la pathogénie de la maladie et à identifier les vecteurs autochtones de ce nouveau virus.

Enfin, l'Anses travaille en étroite collaboration avec ses homologues allemands, néerlandais et belges ainsi qu'avec l'Autorité européenne (EFSA), pour faciliter les échanges de données et partager les méthodes d'analyses et de surveillance.

Pour en savoir plus

l'avis de l'anses "relatif à un nouveau virus identifié en Europe dénommé virus Schmallenberg" (PDF)

Qu'est-ce que le virus Schmallenberg ?
Identifié pour la première fois en novembre 2011 en Allemagne, le virus Schmallenberg appartient à la famille des orthobunyavirus. Au stade actuel des connaissances, il affecterait essentiellement les ruminants. Chez les bovins adultes, l'infection aiguë semble se manifester par de l'hyperthermie, une perte d'appétit, de la diarrhée et des avortements et chez les vaches laitières par une chute de production,. L'infection des femelles de ruminants en gestation peut également se traduire par la naissance d'animaux malformés (arthrogrypose, raccourcissement des tendons du jarret, déformation de la mâchoire, hydranencéphalie,…). Aucune hypothèse n'est émise aujourd'hui quant à l'origine géographique du virus. Il serait très vraisemblablement transmis par voie vectorielle (culicoïdes, moustiques, tiques). Quand les femelles sont infectées pendant la gestation, le fœtus peut être infecté (transmission verticale), conduisant à des avortements et à des malformations fœtales.

Qu'est ce que la Plateforme de surveillance épidémiologique en santé animale ?
Née des réflexions menées lors des Etats généraux du sanitaire, tenus en 2010 sous l'égide du Ministère de l'agriculture, la Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale a été mise en place en octobre 2011. Elle a pour finalité de s'assurer de l'adéquation entre les dangers sanitaires présents ou qui menacent le territoire et les dispositifs mis en place pour surveiller ces dangers. Elle rassemble actuellement six partenaires : la Direction générale de l'alimentation, l'Anses, la Société nationale des groupements techniques vétérinaires, GDS France, Coop de France et l'Association française des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d'analyses.

Données mises à jour le 16 mars 2012

Notre point d'actualité du 24 janvier 2012