22/11/2022 4 mins

Les cahiers de la recherche

Notre dernier numéro : Cahier de la recherche n°20 : "Radiofréquences et santé - Comprendre où en est la recherche (PDF) 

Cahier de la recherche n°20L’Anses et les effets sanitaires des radiofréquences

L’essor des technologies de communications se traduit par une grande variété d’objets connectés et de services sans fil utilisant des radiofréquences : babyphones, caméras de sécurité, écouteurs, lunettes, montres, porte-clés, tensiomètres… Cette croissance exponentielle n’est pas sans susciter des questionnements qui font l’objet d’une actualité permanente tant du point de vue scientifique et réglementaire que du point de vue politique et sociétal. L’essor des usages est de nature à augmenter l'exposition de la population générale via de nouveaux émetteurs fixes, de nouveaux équipements mobiles ou de nouveaux usages (ex. équipement porté près du corps, voire à l’intérieur du corps ou à même la peau).

Depuis plusieurs années, l'Anses est impliquée dans des activités d'expertise dans presque tous les domaines du spectre électromagnétique non ionisant : depuis les extrêmement basses fréquences jusqu'aux ondes millimétriques. En ce qui concerne le déploiement des technologies 5G, l’Agence a collaboré avec l’ANFR pour recueillir les premières mesures d’exposition du public réalisées avant et après la mise en service de la 5G sur 1 500 sites implantés en France. De plus, elle a réalisé du 20 avril au 1er juin 2021 une consultation ouverte pendant laquelle les citoyens pouvaient apporter des contributions et observations sur le rapport d’expertise publié en avril 2021. D’où l’avis actualisé de l’Anses de février 2022 soutenu par un rapport d’expertise complété et enrichi de nouvelles données.

Au regard de l’évolution rapide des technologies qui conduit à l’exploitation de nouvelles bandes de fréquences (comme celles des 3,5 GHz et 26 GHz pour la 5G, en France), il semble primordial, d’une part, d’adapter les méthodologies de mesure et d’évaluation de l’exposition et, d’autre part, d’étudier les effets biologiques et sanitaires des ondes électromagnétiques dans ces bandes de fréquences. À ce jour, le nombre d’utilisateurs et le trafic 5G restent encore limités en France dans la bande de 3,5 GHz tandis que la bande des 26 GHz n’est pas encore exploitée par les opérateurs de téléphonie mobile. La mission de l’Anses s’inscrit dans un contexte en cours de développement et les données disponibles dans la littérature sont encore peu nombreuses.

Pour estimer l’incidence sur la santé et l’environnement des technologies 5G, l’Agence poursuit régulièrement son travail de veille et d’actualisation scientifique. Suite à la production récente de nombreuses données issues de nouvelles études mécanistiques, mais aussi d’études épidémiologiques comme Mobi-kids (décembre 2021) ou l’étude clé du « National Toxicology Program » (août 2020) sur le développement de tumeurs chez des rongeurs exposés à des signaux de téléphonie mobile, une expertise s’intéressant aux effets cancérogènes des radiofréquences est en cours à l’Anses, toutes bandes de fréquences confondues.

Enfin, l’Anses s’investit dans la production de nouvelles connaissances scientifiques en soutenant la recherche sur les effets sanitaires des radiofréquences. Ce cahier de la recherche présente ainsi onze projets financés entre 2017 et 2020 via l’appel à projets de recherche « radiofréquences et santé » du Programme national de recherche environnement-santé-travail (PNR EST). Des projets dits d’investigation exploratoire (PIE) permettent par ailleurs d’acquérir de nouvelles connaissances en réponse aux questionnements soulevés par la société civile, par exemple sur les symptômes déclarés à proximité des antennes relais, l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques ou encore les expositions aux nouveaux signaux de télécommunications mobiles dont la 5G. Le besoin de ce type de projet a été identifié grâce au dialogue engagé depuis 2011 avec les parties prenantes associatives ou professionnelles dans le cadre du comité de dialogue « Radiofréquence et santé ».

Pr Benoît VALLET
Directeur général de l'Anses