07/01/2013

Nanogenotox

Une action conjointe européenne pour développer une méthode de détection du potentiel génotoxique des nanomatériaux

Les nanotechnologies représentent un secteur économique stratégique, présentant d'énormes potentiels associés a un domaine d’application très vaste (électronique, technologies de l'information et de la communication, alimentation etc.). De nombreux produits contenant des nanomatériaux manufacturés sont déjà produits en grandes quantités. Cependant, le manque de connaissances scientifiques et l'absence de preuves de risques pour la santé et la sécurité des produits issus des nanotechnologies rend la mise en place de règlements très difficile. En particulier, il existe des incertitudes sur le potentiel génotoxique spécifique des substances à l’échelle nanométrique comparativement aux substances de même entité chimique d’échelle plus grande.

Dans ce contexte, l’Agence Exécutive pour la Santé et les Consommateurs (EAHC) de la Commission européenne a lancé en février 2009 un appel à action conjointe pour lequel l’Anses, à l’initiative du Ministère français en charge de la Santé, a proposé une réponse. Ce programme, d’une durée de trois ans, vise principalement à fournir à la Commission européenne une méthode alternative, robuste et fiable de détection du potentiel génotoxique des nanomatériaux, susceptible d’engendrer un risque de cancer ou de toxicité pour la reproduction chez l’homme. 

Les travaux ciblent trois groupes de nanomatériaux : dioxyde de titane (TiO2), dioxyde de silice (SiO2) et nanotubes de carbone. Ces groupes ont été sélectionnés en fonction des critères stratégiques suivants: les usages possibles dans différents types de produits (cosmétiques, aliments, produits de consommation courante), la voie d’exposition potentielle (orale, cutanée, inhalée), la production sur le territoire européen. 14 nanomatériaux manufacturés seront testés.  

Afin de mener à bien ce projet, Nanogenotox comprend  plusieurs étapes: 

  • une caractérisation physico-chimique la plus complète des 14 nanomatériaux qui seront testés par ;
  • la détermination de la distribution des nanomatériaux dans l’organisme vivant: toxico-cinétique des nanomatériaux ;
  • la réalisation de tests de génotoxicité in vivo adéquats, qui seront comparés aux tests de génotoxicité in vitro, eux-mêmes réalisés sur des supports cellulaires spécifiques.

L’Anses coordonne ce projet européen. Au total, 16 organismes de recherche et d’expertise en provenance de 11 Etats- Membres de l’Union européenne (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal) participent à cette action conjointe. 

Le volet français implique aussi l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et l’Institut Pasteur de Lille (IPL). D’autres organismes français soutiennent ce projet et apportent leur expertise, en particulier le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE) et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris).

Le projet est doté d’un budget total de 6,2 M€, émanant de fonds publics : 45% proviennent de la Commission européenne (2ème programme d’action communautaire dans le domaine de la santé, 2008-2013), les 55 % restants des organismes partenaires et des ministères des Etats membres participant au projet. Pour la France, le financement principal est assuré par le Ministère en charge de la santé (Direction Générale de la Santé). 

Les travaux conduits dans le cadre de Nanogenotox viennent renforcer d’autres initiatives internationales, notamment le programme de parrainage des nanomatériaux manufacturés de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) et les travaux de caractérisation du comité technique sur les nanotechnologies de l’Organisation internationale de normalisation (ISO TC229).