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Étude de l’Alimentation Totale Infantile

Évaluation de l’exposition des enfants de moins de 3 ans à certaines substances présentes dans l’alimentation

Dans la continuité de l’Etude de l’Alimentation Totale 2 (EAT 2), étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques, l’Anses a lancé en 2010 l’EAT infantile. Cette étude a permis d’évaluer l’exposition alimentaire des enfants de moins de 3 ans. Elle confirme le bon niveau de maîtrise sanitaire mis en évidence dans les EAT précédentes, en précisant toutefois les substances qui nécessitent une surveillance particulière.

 

Les EAT françaises 

Réalisées à l’échelle nationale, les Etudes de l’Alimentation Totale (EAT) ont pour objectif premier de surveiller l’exposition des populations à des substances d’intérêt en termes de santé publique. Ces études permettent d’estimer la composition/contamination des aliments « tels que consommés » et de calculer l’exposition des individus via l’alimentation afin d’apporter une aide à la mise en place des politiques de santé publique. 

La première EAT, mise en place en 2000 par l’INRA et en collaboration avec l’Afssa, a permis de dresser un bilan du niveau d’exposition de la population française de plus de 3 ans aux mycotoxines et aux éléments traces et minéraux.

En 2006, la seconde EAT a été initiée afin d’évaluer l’exposition alimentaire de cette même population en ciblant non seulement les composés inclus lors de la première EAT mais aussi de nombreuses substances nécessitant des connaissances plus approfondies, dont les résidus de produits phytosanitaires, les polluants organiques persistants, les additifs, les phytoestrogènes et l’acrylamide. Ainsi, l'EAT 2 a conduit à la collecte de 20 000 produits alimentaires représentant 212 types d'aliments, dans lesquels 445 substances d'intérêt ont été recherchées.

Enfin en 2010, une EAT ciblant de manière spécifique les enfants de moins de 3 ans a été lancée.

Pourquoi une EAT spécifique à la population infantile ? 

Le marché de l’alimentation infantile est très spécifique et en perpétuelle évolution. Les aliments destinés aux nourrissons et enfants en bas-âge se différencient sensiblement de ceux des catégories de population considérées dans les EAT précédentes. En outre, une connaissance des expositions alimentaires de la population infantile aux substances chimiques est nécessaire au regard de la vulnérabilité particulière de cette population. La mise en œuvre d’une étude d’alimentation totale spécifique à la population infantile est donc indispensable, en vue de protéger au mieux les tout-petits vis-à-vis des effets indésirables des substances chimiques.

Les 3 étapes de l’EAT

Les EAT sont composées de 3 étapes principales :

  • échantillonnage alimentaire : achats de produits alimentaires et préparation des aliments “tels que consommés” afin de réaliser des échantillons alimentaires représentatifs des consommations des individus ;
  • analyse des échantillons « tels que consommés » par des laboratoires accrédités ;
  • évaluation de l’exposition de la population et des risques sanitaires.

Un bon niveau de maîtrise sanitaire mais quelques substances à surveiller

Les résultats de l’EAT infantile confirment le bon niveau de maîtrise des risques sanitaires associés à la présence potentielle de contaminants chimiques dans les aliments. En effet, pour 90% des substances évaluées, le risque peut être écarté. 

Toutefois, pour 9 substances, la situation appelle une vigilance particulière. Il s’agit de substances pour lesquelles un nombre non négligeable d’enfants présente une exposition supérieure aux valeurs toxicologiques de référence (arsenic inorganique, plomb, nickel, PCDD/F, PCB, mycotoxines T-2 & HT-2, acrylamide, déoxynivalénol et ses dérivés et furane). Pour 7 autres substances, notamment l’aluminium, le cobalt, le strontium, le méthylmercure, le sélénium, le cadmium et la génistéine chez les consommateurs de soja, le risque ne peut être écarté. L’exposition à certaines de ces 16 substances avait déjà été jugée préoccupante lors de travaux antérieurs de l’Agence.

Par ailleurs, 12 minéraux d’intérêt nutritionnel ont été analysés dans le cadre de l’EATi. Les résultats montrent que la couverture des besoins nutritionnels est globalement satisfaisante. Toutefois on observe des insuffisances d’apport pour le zinc, le calcium et le fer ou des excès d’apport pour le zinc et le calcium en fonction de l’âge de l’enfant. Les risques sanitaires potentiels liés à ces excès d’apports nécessitent des études complémentaires.

Les recommandations de l’Agence

Face à ces constats, l’Anses rappelle l’importance de mieux comprendre l’origine de la présence de ces substances chimiques dans l’alimentation.

Concernant les 16 substances à surveiller, notamment les 9 pour lesquelles la situation a été jugée préoccupante, la mise en place ou le renforcement de mesures de gestion visant à limiter les niveaux d’exposition s’avère nécessaire (politique de maîtrise des rejets environnementaux, maîtrise des procédés, fixation de seuils réglementaires ou diminution de ces seuils). Pour les substances pour lesquelles le risque ne peut être exclu ou n’a pas pu être évalué, l’Agence recommande d’acquérir des connaissances complémentaires. 

L’étude montrant par ailleurs que la diversification alimentaire entraîne des expositions à certains contaminants supérieures à celles engendrées par la consommation de préparations infantiles, sans pour autant que celles-ci soient jugées préoccupantes, l’Agence rappelle la nécessité de suivre les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) et de ne commencer la diversification alimentaire qu’à partir de 6 mois. Après 6 mois, l’Agence rappelle la recommandation générale de diversité du régime alimentaire et des sources d’approvisionnement.

L’étude a par ailleurs mis en évidence la consommation de lait courant par plusieurs enfants âgés de moins d’un an. L’Agence rappelle que seuls le lait maternel ou les préparations infantiles permettent de couvrir les besoins du nourrisson. En outre, le lait courant, quelle que soit l’espèce animale productrice, n’est pas adapté aux besoins nutritionnels des enfants de moins d’un an.

L’EATi en quelques chiffres 

  • 6 années de travail
  • Plus de 200 000 résultats analytiques
  • 97 % du régime alimentaire des enfants de moins de 3 ans couvert
  • 5 484 produits achetés, 457 échantillons
  • 670 substances analysées
  • Exposition alimentaire évaluée pour 500 substances
  • Risque évalué pour 400 substances, dont 281 résidus de pesticides